L'Odyssée d'Homère

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- Auteur: Homère (VIIIème siècle avant J.C.)

Ce livre est l’un des plus grands chef-d’œuvres de l’histoire de la littérature, un classique incontournable.

L’histoire est construite dans la plus pure tradition des récits épiques transmis oralement et on ressent en effet tout au long de l’œuvre qu’avant d’être lu, le récit a été conté, avant d’être écrit, il a été raconté.

Il vient de loin ce récit, de loin et de longtemps. Il vient du temps des orateurs et des aèdes, du temps où l’on savait écouter et raconter. Avant d’émerveiller les yeux, il a ensorcelé bien des oreilles, et s’est emparé de la mémoire collective, de l’esprit et envoûté bien des âmes. La tradition orale des récits épiques et de l’Odyssée en particulier, est un élément fondamental à prendre en compte quand on aborde l’œuvre, magnifique et éternelle. Devant la magnificence de cette œuvre, devant sa beauté et sa perfection, le lecteur contemporain qui l’aborde se sent un peu comme un pirate hirsute, indiscipliné et criard qui quitte une coque de noix difforme et ballottée par les flots à l’abordage d’un vaisseau majestueux qui vogue paisiblement.

En étant tout à fait pragmatique, le lecteur s’aperçoit rapidement que le récit se compose à la manière d’un puzzle dont certaines pièces sont répétées, d’autres rajoutées et d’autres encore probablement manquantes. A l’instar de nombreuses légendes racontées au coin du feu et dont chaque orateur, avec force insistances, omissions et rajouts, transmet sa propre version, unique, éphémère qui meurt aussitôt née, dès lors qu’elle s’échappe de l’enclos rétenteur de son esprit par l’ouverture de sa bouche, comme un oiseau s’évade de sa cage en s’envolant dès qu’elle s’ouvre, ce récit a probablement dû connaître de nombreuses versions avant que celle-ci ne nous parvienne.

Ainsi dans sa forme contemporaine, enfermé dans une cage en papier, dont les barreaux de lettres horizontaux ne le laissent plus s’évader, le récit parait éternellement figé, dans sa version transcrite qui ne pourra dès lors plus évoluer.

Dans cette version définitive que l’on attribue à Homère mais dont on s’autorise à penser qu’elle émane plus probablement de plusieurs auteurs d’époques différentes plutôt que d’un seul, le lecteur suit les pérégrinations d’Ulysse, l’homme aux mille ruses, qui erre en de multiples périples, pour retourner en son pays et sa patrie. L’Odyssée est en effet la suite chronologique de l’Iliade qui aborde les péripéties de la Guerre de Troie dans laquelle Ulysse (ainsi qu’Hector, Pâris, Ménélas, Achille entres autres) est engagé. Après neuf années d’âpres batailles et la fin de la guerre, Ulysse vogue au creux de son vaisseau pour rejoindre sa mère patrie, mais ce voyage à travers la méditerranée antique n’a rien de tranquille, et va s’avérer tumultueux et semé d’embûches. « L’Odyssée » retrace l’histoire de ce voyage qui va durer 11 années.

La première partie de l’histoire retrace « la Télémachie » durant laquelle Télémaque le fils d’Ulysse ne supporte plus les exactions des prétendants de sa mère Pénélope, considérée comme veuve et par conséquent convoitée bien malgré elle, et qui profitent grassement des richesses et des biens du roi d’Ithaque, Ulysse, en son absence. Télémaque ne pouvant plus refreiner son impatience de voir son père rentrer et rongé par le doute au sujet de sa probable mort, entreprend une expédition, au grand damne des prétendants afin de glaner des informations à son sujet. Il va rencontrer Hector puis Ménélas à Sparte mais ne sera malheureusement d’aucun secours pour son père et devra déjouer de surcroît un traquenard tendu par les prétendants. Télémaque constitue pour ces derniers le dernier rempart à l’hymen de Pénélope et surtout à la conquête du royaume.

Pendant ce temps à Ithaque, Pénélope rongée par le chagrin, déploie d’ingénieuses ruses visant à éconduire le plus longtemps possible les fougueux prétendants.

Ulysse de son coté ayant perdu son vaisseau et tout son équipage, obnubilé tout au long de l’épopée par le seul dessein de retourner chez lui, est retenu seul depuis six ans par la déesse Calypso éprise de son captif, avant qu’un conseil des dieux ne la force à le libérer.

S’ensuivent de manière exclusivement narrative, la description des péripéties de souffrance et d’endurance du périple d’Ulysse pour rejoindre les siens, dont sa seule ruse et sa volonté farouche vont avoir raison contre le sort et la volonté des dieux. Tout au long du récit épique le lecteur est dans l’expectative de ce retour sans jamais vraiment savoir s’il pourra se réaliser.

Au contraire d’Hercule par exemple qui devint Héros par ses capacités physiques exceptionnelles, Ulysse est par essence un être doté d’une intelligence, d’une endurance et d’une ruse hors du commun. Ainsi l’auteur lui attribue tout au long du récit, les dénominatifs « d ’Ulysse aux milles tours », « Ulysse l’avisé » ou « Ulysse aux milles ruses » ou encore « le héros d’endurance » qui contribuent à lui conférer ce statut héroïque. Tantôt bonimenteur, tantôt calculateur le récit du périple d’Ulysse est jalonné de ces multiples ruses.

L’intervention continuelle des dieux à son égard, qui peuvent être présentés soit comme ses détracteurs comme Poséidon par exemple, ou bien comme ses bienfaiteurs comme Athéna, et l’interaction permanente qu’ils s’octroient sur le déroulement de l’histoire et l’accomplissement du dessein d’Ulysse, tendent à le sortir de sa condition d’homme pour le rapprocher du statut de divin. On perçoit même le protagoniste comme celui qui défie la volonté des dieux, attisant les foudres de certains mais suscitant le respect des autres. Il devient par conséquent un demi-dieu, comme l’atteste l’affection particulière que porte Athéna « aux yeux pers » pour son « grand cœur d’Ulysse » ou son « divin Ulysse ».

Malgré quelques anachronismes dus au 6 siècles qui séparent l’époque durant laquelle se déroulent les fait (environ 1200 Av. JC) par rapport à l’époque supposée où ils sont décrits par Homère ( environ 600 Av. JC) , bien que ce soit un récit légendaire, et qu’Ulysse ainsi que la guerre de Troie d’ailleurs n’aient jamais existés, le récit présente malgré tout un intérêt historique dans la mesure où il aborde les us et coutumes des méditerranéens de l’époque de l’age de bronze, basés entre autre sur l’hospitalité et les rites guerriers, ainsi que des informations sur leur façon de se vêtir, les moyens de transport de l’époque et une foultitude de détails très intéressants. Il fait l’apologie de la ruse sur la force, de la réflexion et de la patience sur l’emportement. « Patience mon cœur, tu as connu de bien pires souffrances, viendra le jour où justice sera faite » : cette réplique d’Ulysse à lui-même, alors que son sang est en train de bouillir parait résumer le leitmotiv de l’œuvre et reprise bien plus tard « Patience et longueur de temps valent mieux que force ni que rage »

Ce récit présente également un intérêt littéraire extraordinaire, dans la mesure ou c’est un des premiers textes de l’histoire de l’humanité, un texte originel. Parsemée de métaphores, d’allégories et d’images plus poétiques et plus belles les unes que les autres, ce texte est d’une beauté qui pourrait justifier à elle seule sa lecture.

Indispensable dans toute bibliothèque digne de ce nom et a lire absolument.

Par Olivier.

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