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En espérant vous lire très prochainement...

La face cachée de la lune, de Martin Suter

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- Auteur: Martin Suter (1948)

- Date de publication: 2002

C'est un roman singulièrement passionnant que cet ouvrage de Martin SUTER! Inattendu, imprévisible... Je me suis laissée "emmener" avec curiosité et bonheur par cette histoire insolite.
Le récit se passe en Allemagne et s'ouvre sur la vie ordinaire d'un éminent avocat d'affaires, Urs Blank. Fortuné, en pleine ascension sociale, Blank est un homme affable, policé, bref, un mondain qui sait se tenir dans les milieux huppés qu'il fréquente. Les choses changent à partir du moment où il fait la connaissance de Lucile, une jeune hippie qui vend de l'encens sur le marché. En dépit de sa situation -Blank n'est pas célibataire-, l'avocat entame une liaison avec la jeune fille dont il est tombé immédiatement amoureux. Jusque là, l'histoire n'est pas si extraordinaire que cela.
Tout bascule véritablement le jour où Lucile décide d'emmener Blank consommer des champignons hallucinogènes. Habituelle pour Lucile, l'escapade ne semble pas particulièrement dangereuse et l'expérience aurait pu être anodine. Blank pénètre donc pour la première fois de sa vie dans un groupe de consommateurs de champignons hallucinogènes et s'initie à leurs rites. Cependant, au moment de choisir les champignons dans l'assiette qu'on lui tend, l'avocat en saisit deux petits, inconnus et différents des autres. Ceux-là se révèleront ultérieurement responsables de la tournure catastrophique que prendra l'expérience pour Blank...
En effet, à son réveil, Blank n'est plus le même homme. L'expérience l'a métamorphosé, et la consommation de ces champignons a eu pour effet de lever toutes les inhibitions et d'effacer toute conscience morale. L'ennui, c'est que ces effets ne se dissipent pas comme ils auraient dû le faire. L'expérience paraît irréversible. De courtois et avenant qu'il était, le mondain devient exécrable et misanthrope; aucune inhibition ne le retenant plus, il se montre odieux, voire violent, envers les êtres qu'il n'appréciait pas auparavant : il insulte un de ses collaborateurs, rompt sans remords avec la femme avec qui il vivait, et pire encore, il étrangle le petit chat de Lucile parce qu'il l'importunait. Son comportement devient même véritablement criminel le jour où il provoque volontairement l'accident mortel d'un homme qui l'avait énervé parce qu'il voulait le doubler en voiture.
Conscient tout de même de la gravité de ses troubles, Blank se confie à un de ses amis, un psychiatre, qui lui conseille de réitérer l'expérience des champignons mais en sa compagnie, c'est-à-dire suivi et encadré. Les champignons hallucinogènes ouvrent, paraît-il, des portes qu'ils ne referment jamais complètement.
Le renouvellement de l'expérience n'est pas concluant, et Blank n'a toujours pas retrouvé sa conscience morale. Alors, ses actes criminels continuent, au gré des circonstances. Il retrouve l'homme qui lui a vendu les champignons et le tue.
Blank part vivre dans la forêt, en ermite et en fugitif.
Le roman revêt donc forcément, au bout d'un moment, une allure policière, puisque la police se met à ses trousses.

La Face cachée de la lune est donc un roman singulier, qui déroute, surprend et attire. Sa lecture en est captivante et séduisante. Martin SUTER nous entraîne avec brio dans l'univers de la forêt, et le monde des champignons, par le biais d'un récit très documenté. Le roman est relativement "inclassable". Difficile de dire que ce roman allemand est un roman policier, et pourtant il y a bien des crimes et des policiers. Ce n'est pas seulement cela : on pénètre aussi dans l'univers fascinant de la psychiatrie, et dans les méandres du cerveau humain. Et l'on se dit qu'il suffit à l'homme d'une petite expérience apparemment anodine avec des psychotropes pour que saute le verrou des inhibitions, et que l'homme le plus correct et le plus "carré" devienne un criminel sans remords... Un criminel qui n'a pas plus de conscience morale que n'importe quel autre animal...

Par Véro.

Le loup des mers, de Jack London

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- Auteur: Jack London

- Date de publication: 19xx

Critique littéraire trentenaire, Humphrey Van Weyden embarque un jour à bord d'un bateau qui fait naufrage. Miraculeusement rescapé, il est recueilli par une goélette phoquière, Le Fantôme. Légitimement, étant non loin de San Francisco, Van Weyden, narrateur et personnage de ce récit à la première personne, suppose que l'on va le débarquer, et que l'histoire va s'arrêter là!... Il demande à parler au capitaine de la goélette, Loup Larsen. Or celui-ci est un individu redoutable et tyrannique, qui règne en despote sur un équipage qu'il terrorise par sa puissance semble-t-il invincible. Par jeu ou cruauté gratuite, il refuse de débarquer Van Weyden et lui impose de rester à bord en tant que mousse.
Le critique littéraire devient donc le prisonnier de Larsen, retenu malgré lui dans un univers caractérisé par la violence et la bestialité.
Raffiné, délicat, freluquet, peu aguerri aux exercices physiques, Van Weyden va faire véritablement un voyage initiatique. D'abord révulsé, écoeuré par la brutalité de l'équipage, composé d'hommes frustes et grossiers, il n'aura pas d'autre choix que de s'adapter pour survivre... L'intellectuel oisif, fortuné, ayant toujours vécu de ses rentes, va se trouver confronté à la réalité de la vie, et, mieux encore, de la vie la plus rude qui soit! De ce fait, durant tout le livre, il forme un curieux pendant avec Loup Larsen, le capitaine de la goélette, un homme habitué aux rigueurs de l'existence. Fascinant antagonisme que celui de ces deux hommes! L'un est une force de la nature, un colosse dont la puissance est autant morale que physique, tandis que l'autre, "né coiffé", n'a jamais eu l'occasion de développer une quelconque force. Loup Larsen, autodidacte, grand lecteur, se fait un plaisir de regarder évoluer celui qu'il appelle "Hump", et trouve par ailleurs dans les discussions avec lui un intérêt qu'il ne peut trouver auprès de son équipage inculte. De longues discussions philosophiques réunissent ces deux personnages antithétiques : Larsen, le nihiliste, pour qui la vie humaine n'a pas d'autre valeur que celle qu'on lui donne, face à Van Weyden, l'idéaliste un peu fleur bleue... Dès lors, le capitaine et son mousse se mettent à former un étrange tandem, ambivalent, mais au sein duquel Larsen n'oublie jamais de rappeler qui est le maître. "Hump", si cultivé et brillant soit-il, n'est qu'un mousse sur ce bateau...
Par une lubie de ce capitaine lunatique, le narrateur est brusquement promu au rang de second. Il se forme aux techniques de navigation. Parallèlement, son corps frêle s'est renforcé, est devenu plus résistant. Larsen se vante de faire de lui un homme "qui marche sur ses deux jambes" à l'issue de ce voyage.

Le voyage à bord du Fantôme fera de Van Weyden, en effet, un homme complet : c'est étonnamment à travers ce périple qu'il lui sera également donné de rencontrer l'amour, pour parachever son initiation. Ainsi, le héros se déniaise au fil de l'histoire... Même s'il conserve un indéracinable sentimentalisme parfois un peu agaçant!

Le Loup des Mers est donc à la fois un roman d'aventure et un roman de formation. On assiste bien à la formation d'un personnage, cependant que l'on est embarqué dans une véritable aventure à suspense et à rebondissements. Les ingrédients du roman d'aventure sont bien présents. Le vocabulaire technique utilisé par Jack LONDON confère au roman tout son réalisme : la précision extrême, quasi maniaque, un peu pédante parfois, du champ sémantique de la marine, crée la "couleur locale".

J'ai lu ce roman avec passion, heureuse de retrouver Jack LONDON après ma lecture de Martin Eden, le roman "autobiographique" de London. Le Loup des Mers m'a captivée, sa lecture en est agréable et sans effort. Il contient un charme suranné qui m'a plu. On s'attache à ce narrateur un peu naïf, fleur bleue, pas très dégourdi, et on est ravi, à l'instar de Loup Larsen, de le voir devenir un peu moins gauche...
Au-delà de cet aspect léger, Le Loup des Mers est aussi -et surtout!- un roman très profond, et parfois sombre, comme la mer sur laquelle vogue Le Fantôme : il pose de vraies questions angoissantes sur l'existence. Dans la bouche de Loup Larsen, le nihiliste, Jack LONDON a placé une interrogation sur le bonheur qui le taraudait probablement : doit-on être lucide et renconcer au bonheur -la lucidité étant hélas à ce prix!...-, ou bien faire fi de la lucidité pour pouvoir être heureux, comme choisit de le faire le narrateur?...
Loup Larsen et Humphrey Van Weyden, ces deux personnages antagonistes, représentent peut-être la dualité existant chez London : ils matérialiseraient un déchirement, une contradiction interne, chez l'auteur lui-même. Il y aurait un peu de Larsen et un peu de Van Weyden chez London...

Par Véro.

Le pouvoir du chien, de Thomas Savage

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- Auteur: Thomas Savage

- Date de publication: 19xx


Le Pouvoir du chien est un roman extrêmement séduisant, dont le ton m'a d'emblée conquise. Un roman qui se dévore avec énormément de plaisir!... Il se déroule au milieu des années 20, dans un Far West démythifié et dépouillé de bon nombre de clichés qu'on a coutume d'y attacher... Un Far West remis à sa place, un Far West qui est tout sauf idyllique. Le ranch où se déroule l'action principale ainsi que la petite ville où se situent les actions secondaires est le théâtre de toutes les férocités et de toutes les frustrations, de toutes les cruautés et de tous les refoulements. Tout est brut, sec, âpre, abrupt, sans finesse. C'est le ranch de l'homophobie et des complots, des convoitises et des aigreurs, recouverts du vernis de la réussite et de l'argent. Phil et George Burbank, deux frères quadragénaires célibataires, dirigent un ranch dans l'Ouest américain ; très différents, ils se complètent plutôt bien, George semblant s'être fait à l'idée de la supériorité intellectuelle de Phil, le doué, le brillant. Les Burbank sont depuis toujours une famille puissante et respectée.
Parallèlement, dans la petite ville voisine, se déroule une piteuse tragédie : un médecin dont la carrière est un échec, ayant sombré dans l'alcoolisme, se pend, laissant une veuve et un adolescent orphelin. Cette tragédie rejoint l'histoire des Burbank à deux endroits : le jeune médecin, intellectuel laborieux, érudit lunaire et idéaliste, est, peu de temps avant son suicide, la proie des quolibets de Phil Burbank qui croise son chemin dans un saloon et accable de mépris cet être faible et sans défense. L'humiliation subie par son défunt père se perpétue en la personne du fils, adolescent sensible, studieux et efféminé, qui est lui aussi, alors qu'il sert dans le restaurant de sa mère, la risée de Phil Burbank et de sa bande de vachers rudes et aux manières frustes. Le deuxième point de convergence des deux histoires est tout à fait inattendu, puisque, de manière secrète, George Burbank, le discret, le maladroit, celui qui ne sait pas parler, celui qui ne sait pas être spirituel, courtise, puis épouse avant d'en parler à son frère, la veuve du médecin, Rose.
Une cour et un mariage rapides, une sorte de coup de théâtre dans cette histoire qui n'est pas sans surprise. Un mariage qui a pour conséquences l'arrivée de Rose au ranch des Burbank, et le séjour de son fils Peter pendant les vacances. On imagine alors les mécanismes psychologiques qui se mettent en place chez les uns et les autres : l'irruption de la veuve et de l'orphelin du suicidé, objet du mépris de Phil, entre les deux frères. Les relations entre les personnages du livre en seront profondément modifiées. Brusquement, la donne n'est plus la même. Tout est changé pour tout le monde. Et le livre de Thomas SAVAGE en devient -en demeure, devrait-on dire, car il ne cesse jamais de l'être!- passionnant!
Les tensions psychologiques qui s'instaurent donnent au roman une dimension extrêmement intense, et Thomas SAVAGE décrit à merveille la lente corrosion qui grignote le psychisme de Rose, "torturée" moralement par les silences d'un Phil Burbank qui ne lui adresse pas la parole et la terrorise par sa simple présence haineuse et méprisante.
Les enjeux psychologiques sont tels que le lecteur ne peut pas penser une seule seconde que l'auteur va en rester là : un drame doit avoir lieu, un drame aura lieu, le lecteur le sait, le lecteur le sent.
Et c'est ce qui rend Le Pouvoir du chien admirable!
D'un bout à l'autre, Thomas SAVAGE, selon moi, excelle... Le ton est séduisant, la cruauté de l'âme humaine affleure, une subtile ironie -légère et peu appuyée- flotte en permanence dans l'air...
Le Pouvoir du chien
(premier roman que je lisais de cet auteur récemment décédé, d'après ce qu'on m'a dit) me donne envie de lire d'autres ouvrages de Thomas SAVAGE..."

Par Véro.

Le tour du monde en 80 jours, de Jules Verne

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- Auteur: Jules Verne

- Date de publication: 19xx

Le gentleman anglais Phileas Fogg est membre d'un très select club de jeux. Un jour, suite à une discussion autour d'une table, il prend le pari osé et également hâtif de faire le tour du monde en moins de 80 jours. Le départ est prévu le soir même. Le gentleman n'a qu'une parole, il est de surcroît extrêmement têtu et "horlogement" précis. Il ne partira pas seul non plus, sont valet Passepartout embauché quelques heures auparavant le suivra dans ce tour du monde audacieux et rocambolesque. Sa route sera parsemé d'embûches aussi invraisemblables les unes que les autres, il fera la rencontre de nombreux personnages dont l'agent Fix qui le poursuit suite à un braquage de banque. Le sieur Fogg partant pour l'étranger avec beaucoup d'argent est donc le coupable idéal. L'argent résout d'ailleurs peut-être un peu trop de choses dans ces aventures ! En même temps comment notre héros aurait peut-il se sortir autrement des situations invraisemblables où son auteur à l'imagination débordante l'a envoyé…?
Ce récit est étonnement riche en détails sur les pays traversés et la fiction se juxtapose parfaitement avec ce réalisme culturel et social des populations. Le dénouement final est connu de tous mais les rebondissements de dernière minute sont étonnants et ne manque pas de nous intriguer ! C'est un merveilleux "voyage extraordinaire" mais également une superbe histoire d'amour…

Par Greg.

In Tenebris, de Maxime CHATTAM

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- Auteur: Maxime Chattam (1976)

- Date de Parution: 2003

Chaque année, des dizaines de personnes disparaissent à New York dans des circonstances étranges. La plupart d'entre elles ne sont jamais retrouvées. Julia, elle, est découverte vivante, scalpée, entre autres sévices, et prétend s'être enfuie de l'Enfer. On pourrait croire à un acte isolé s'il n'y avait ces photos, toutes ces photos... Jeune détective à Brooklyn, Annabel O'Donnel prend l'enquête en main, aidée par Joshua Brolin, spécialiste des tueurs en série. Quel monstre se cache dans les rues enneigées de la ville ? Et si Julia avait raison, si c'était le diable lui-même ? Ce mystère, ce rituel... Dans une atmosphère apocalyptique, Joshua et Annabel vont bientôt découvrir une porte, un passage... dans les ténèbres. Ce suspense qu'on ne peut lâcher va changer votre perception de la nuit !

Si vous êtes amateurs de thrillers hards, du genre "Silence des agneaux", plongez sur ce livre ! Une histoire démente, mais c'est également fascinant et attirant! Imaginez vous un petit groupe de gens capablent de s'organiser pour enlever des gens, les séquestrer longtemps, les violer, les torturer physiquement et mentalement, et finalement les manger! Vendre leur chair à des détraqués canibales... Impensable, direz-vous? Oui, je l'espère, mais ce livre vous tient du début à la fin, sans jamais décrocher, malgré cette impossible histoire! L'attente et le suspens sont incroyables, les personnages, les lieux, les atmosphères terriblement bien décrits. Maxime Chattam est un auteur terrifiant quelque part, mais tellement génial! J'ai hâte de commencer le dernier volet de cette trilogie, car la fin, laisse présager encore quelque chose de semblablement "excitant"!

Par Sam.

L'âme du Mal, de Maxime CHATTAM

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- Auteur: Maxime Chattam (1976)

- Date de parution: 2002


Joshua Brolin est "profiler" pour la police de Portland. Il enquête avec son collègue, Larry Salhindro, sur un nouveau sérial killer, Leland Beaumont, surnommé Le bourreau de Portland en raison de l'atrocité de ses meurtres. Cet homme est en train de tuer sa 3ème victime, Juliette Lafayette, quand Brolin arrive juste à temps pour sauver Juliette et tuer le sérial killer. Mais un an plus tard, les meurtres reprennent avec le même procédé que pour le bourreau de Portland. Leland Beaumont est-il vraiment mort? Juliette est-elle en danger? Quel est la raison de son retour?

Joshua Brolin ne pense pas que les serial killers reviennent d'outre-tombe. Le nouveau tueur agit-il seul ou fait-il partie d'une secte ? Pure sauvagerie ou magie noire ? Brolin a peur. Cette affaire dépasse tout ce qu'on lui a enseigné. S'immerger complètement dans la psychologie d'un monstre, le comprendre afin de le cerner et de prévoir ses crimes, devenir un monstre soi-même, tels sont les moindres risques de son métier. On dit au FBI qu'il s'en faudrait d'un rien pour qu'un bon profiteur aille rejoindre la galerie de ses pires clients. Peut-on impunément prêter son âme au mal ?

L'écriture est simple, fluide et précise, le rythme est dynamique et les rebondissements sont incessants. Les personnages sont attachants et bien étoffés. L'intrigue est complexe et ce livre touche à plusieurs thèmes : le travail de la police et la manière de faire les investigations, le métier de profiler, les coulisses du médecin légiste, le surnaturel et la magie noire. Tous ces thèmes sont judicieusement mélangés et bien dosés et arrivé à la fin du 1er livre, on a qu'une envie c'est de lire le suivant.

Par Sam.

Shantaram, de Gregory David Roberts

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- Auteur: Gregory David Roberts

- Date de parution: 2003


Dans son ouvrage Shantaram, Gregory David Roberts retrace les "années indiennes" vécues par le narrateur, Lin, Australien en cavale à Bombay.

A l'issue d'un parcours personnel tortueux et douloureux -son divorce l'a privé de la garde de sa fille et l'a conduit à trouver refuge dans l'héroïne-, Lin est devenu un gangster dont la tête est mise à prix dans son pays.
A Bombay, il s'intègre et se mêle parfaitement à la population indienne, dont il apprend les différentes langues ; il tisse des liens d'amitié, emménage dans un bidonville illégal et apprend à connaître cette ville et ses habitants qu'il se met à aimer profondément
Shantaram s'est révélé un roman captivant, enrichissant et une lecture inoubliable pour plusieurs raisons.
Le personnage de Lin, tout d'abord, ce narrateur impossible à enfermer dans un quelconque stéréotype, a suscité en moi des réflexions sans fin. Difficile à cerner, car terriblement ambivalent, ce personnage force l'admiration par son courage, sa loyauté, son humanisme, son sens inaltérable de l'amitié, sa fierté, mais il m'a en même temps souvent déroutée, voire destabilisée, par l'extrême violence dont il est parfois capable dans les combats (nombreux dans le livre, puisque cet ouvrage évoque une existence où tout n'est pas rose et où les criminels ainsi que les gardiens de prison ne sont pas des enfants de choeur).
Le profond humanisme qui régit le personnage de Lin coexiste chez lui avec une aptitude naturelle à se livrer aux actions les plus répréhensibles. En effet, alors que, installé dans son bidonville, partageant la pauvreté de ses voisins, vivant pleinement cette magnifique solidarité qui unit ces êtres privés de tout, Lin s'improvise "médecin" du bidonville et soigne gratuitement, à l'aide d'un modeste matériel médical qui l'a hissé à ce rang, les malades et les blessés. Lors d'une épidémie de choléra, il se dévoue à eux au péril de sa vie.
Un personnage, donc, qui ne craint pas d'exposer sa vie. Et là où le paradoxe m'a semblé le plus aigu, c'est que ses rencontres et amitiés, ainsi qu'un séjour douloureux dans une prison indienne, conduisent finalement Lin à travailler pour la mafia. Recruté par le chef d'un gang mafieux de Bombay -homme âgé qui sera pour lui une figure paternelle-, Lin se livre au trafic de passeports, de devises, d'or. Il devient riche, s'installe dans un appartement confortable mais continue à rendre régulièrement visite à ses amis pauvres du bidonville. Il ne tue pas lui-même, mais participe à des actes criminels, et pousse l'amour et l'admiration pour son père d'adoption jusqu'à aller avec lui faire la guerre en Afghanistan.
Lin montre dans ces différentes circonstances un courage et une bravoure qui lui permettent d'endurer tortures et conditions de vie atroces.
Là où il m'a désarçonnée en tant que lectrice, c'est que ce même Lin, chaleureux, généreux, soignant les autres au péril de sa propre vie est également capable de dureté, de férocité, sinon de barbarie, dans les combats - où il ne craint pas d'arracher un oeil à un ennemi...
Ces deux aspects de sa personnalité, qui ne sont pas antinomiques chez lui, fusionnent en un sens aigu de l'honneur.
Lin s'avère être un personnage profondément attachant, par sa sensibilité extrême -la mort d'un ami le fait replonger dans l'héroïne-, sa vulnérabilité, les souffrances, blessures et cicatrices qu'il emmène partout avec lui, même dans sa fuite à Bombay... Son amour fervent et passionné pour Karla, également, Européenne exilée elle aussi à Bombay.
La lecture de Shantaram est par ailleurs captivante par la richesse de ses évocations de la vie à Bombay et de la culture indienne, dont le narrateur s'imprègne au point de la faire sienne. Son coeur devient indien, comme il le dit lui-même dans le livre. "Visage blanc et coeur indien". Cet étranger à Bombay devient un amoureux de la mentalité et du mode de vie indiens, qu' il décrit avec tendresse, et également avec force détails, qui font de Shantaram un récit extrêmement précis et foisonnant. Pour ma part, j'ai "vécu" par la pensée à Bombay pendant toute la durée de ma lecture.
Enfin, la traduction française de Shantaram nous livre un texte poétique mais sans emphase, dans un style original et vrai, dépourvu de grandiloquence, sobre mais travaillé à la fois, d'une élégance extrême, délicieux à lire.
Shantaram est, pour conclure, un roman qui "sonne vrai", mené avec toute la sincérité d'un individu qui a vu, vécu et souffert.
C'est un récit qui donne envie de mieux connaître encore Gregory David Roberts, dont l'existence fournit sa trame à Shantaram -son propre périple est à l'origine de son ouvrage, que l'on peut qualifier d'autobiographique- et qui donne aussi la curiosité de jeter un coup d'oeil sur le film dont la sortie est imminente.

Par Véro.

Spellman & associés, de Lisa Lutz

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- Auteur: Lisa Lutz (1970)

- Date de parution: 2007

A Los Angeles, les Spellman sont détectives privés. Les parents, les deux filles et leur oncle. Seul un fils échappera à ce sort pour être avocat. Tout se monde travaille pour l'entreprise familiale et cette comédie nous conte la vie trépidante d'Izzy, une des filles Spellman. Ce roman est avant tout une comédie, le texte est simple et bourré d'anecdotes ultra détaillées. Cependant on ne sait pas trop où veut en venir l'auteur, on a l'impression de lire un prologue de 400 pages et 20 dernières pages de "dénouement" ! Cette chronique sera donc courte car il n'y a pas grand-chose à dire sur ce roman. C'est tout simplement une comédie drôle et légère.

Par Greg.

Je, François Villon, de Jean Teulé

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- Auteur: Jean Teulé (1953)

- Date de publication: 2006


Jean Teulé retrace la vie de ce poète de la fin du Moyen-âge, époque où règne la famine, la peste et la répression. Les crimes et délits sont le quotidien de la vie parisienne. François Villon dont le père a été pendu est né le jour de la mort de Jeanne d'Arc. Il ne lui reste plus que sa mère qui le confie à un chanoine très tôt juste avant d'être enterrée vivante. Maître Guillaume devient alors son tuteur mais a beaucoup de mal à l'éduquer… Beaucoup de mal car François Villon est un marginal terrifiant qui vole, ment, se saoule, profite des plaisirs charnels et de tout ce qu'il y a d'illégal. Mais c'est un perturbateur public qui fait ses études.
Trouvant l'amour, il s'assagit, mais cela ne durera malheureusement que peu de temps car sa rencontre avec les Coquillards va faire basculer ses actes dans l'atrocité et l'inhumanité.
Ce roman prend alors une tournure différente. Les petits délits et l'humour s'effacent pour laisser apparaître la cruauté et la sauvagerie à l'image de ses compagnons de la Coquille.

L'auteur nous imprègne admirablement bien de cette descente aux enfers et les magnifiques poèmes cités au fil des pages illustrent les pensées du poète. Son portrait est tout d'abord attachant (son adolescence ressemble à celle de Fra Filippo Lippi – La passion Lippi de Sophie Chauveau), puis répugnant et surtout choquant. Enfin, un sentiment de rédemption (ou de lassitude) se fait sentir à la fin de sa vie, enfin de ce que l'on connaît sur sa fin de vie car une fois bannie de Paris, plus personne n'eue de nouvelles de lui !
Vous l'aurez compris, la vie de François Villon est difficile à retracer car beaucoup de zones d'ombres sont présentes, mais Jean Teulé nous livre tout de même de façon romanesque, une vie passionnante du "poète des tavernes et des brigands".

Par Greg.

Pars vite et reviens tard, de Fred Vargas

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- Auteure: Fred Vargas (1957)

- Date de publication: 2004

"Ce sont des signes étranges, tracés à la peinture noire sur des portes d'appartements, dans des immeubles situés d'un bout à l'autre de Paris. Une sorte de grand 4 inversé, muni de deux barres sur la branche basse. En dessous, trois lettres: CTL. A première vue, on pourrait croire à l'oeuvre d'un tagueur. Le commissaire Adamsberg, lui, y décèle une menace sourde, un relent maléfique. De son côté, Joss Le Guern, le Crieur de la place Edgar-Quinet, se demande qui glisse dans sa boîte à messages d'incompréhensibles annonces accompagnées d'un paiement bien au-dessus du tarif. Un plaisantin ou un cinglé ? Certains textes sont en latin, d'autres semblent copiés dans des ouvrages vieux de plusieurs siècles. Mais tous prédisent le retour d'un fléau venu du fond des âges..."

Ce policier se dévore en un rien de temps, il est passionnant, intriguant, tout simplement palpitant. Ce fléau venu du Moyen-âge est la peste… et c'est effroyable, la population parisienne est paniquée, l'auteure Fred Vargas nous captive avec moults rebondissements jusqu'au dénouement final… Bref, les grandes lignes de ce livre, de l'enquête sont tout simplement géniales ! Mais dès qu'on rentre dans les détails, c'est la catastrophe !!! Tout est gâché ! Ce roman possède beaucoup trop d'incohérences et de coïncidences. Je ne veux pas ici révéler la fin de l'histoire mais comment parler des ces fâcheux détails sans les évoquer ??? Bon, on y va quand même…

Tout d'abords Damas, comment arrive-t-il à retrouver les tueurs de son père ? Rien dans le texte ne nous en fait part, et pour cause, les tueurs eux même ne se connaissaient pas, ils ne s'étaient jamais vus, ne se sont jamais revus et certains d'entre eux étaient cagoulés. Alors comment cet enfant, quelques années plus tard parvient-il à mettre des noms sur des visages inconnus ? Ensuite, Damas est en permanence sur la place Edgard Quinet, là où tout le monde parle de l'affaire et où il est dit et re-dit que les morts n'ont pas été foudroyés par la peste, mais assassinés, alors comment ne peut-il pas être au courant de ces choses alors que l'affaire dure plusieurs jours ! Le prétexte que la police ne veut pas faire peur à la population ne tiens pas, vu que sur la place, tout le monde est au courant que ce n'est pas la peste ! Continuons, Damas prépare son coup depuis des années, mais sa demi-sœur n'arrive seulement que quelques mois plus tôt elle, quelle coïncidence quand même que tout arrive sur un plateau d'argent pour soeur ! Et encore… Comment la grand-mère de Damas peut-elle être persuadés que les puces de ses rats vont transmettre la peste alors que la peste s'est éteinte il y a bien longtemps ? Bref il y a encore quelques incohérences mais je m'arrêterais là !

Cette fois, une inutilité: notre commissaire a une liaison avec une certaine Camille… mais qu'est-ce que cette histoire vient faire ici ??? Elle n'a strictement aucun intérêt ! On pourrait peut-être se dire que cela nous permet d'en savoir un peu plus sur la psychologie du personnage, mais non, car en savoir un peu plus sur le personnage est intéressant pour comprendre pourquoi il va prendre telle ou telle décision, pourquoi réagira-t-il de cette façon… Non, cette pseudo histoire ne nous avance à rien, elle n'intervient d'aucune façon dans l'intrigue. Il faut avoir lu d'autre de ses romans pour comprendre que certains personnages se retrouvent... Je ne dois pas être assez fleur bleue et quelque chose a dû m'échapper...

Un film tiré du roman a été adapté au cinéma, lorsque l'on sait que dans la majeure partie des cas, nous sommes déçus par le film lorsque l'on vient de lire le livre s'y reportant, que va donner cette adaptation ? J'étais donc assez curieux de voir ce chef-d'œuvre cinématographique et à ma grande surprise, il est tout simplement génial ! Toutes les questions que je me posais sur les incohérences du livre, ont été traités différemment quitte à modifier en grande partie le dénouement, mais au moins de cette façon, tout est plausible, et notamment le fait que les tueurs du père de Damas se connaissent tous car ils travaillent tous pour lui en Afrique, il est donc facile dans ce cas pour n'importe qui de les retrouver. Il en va de même pour les autres incohérences. Petit bémol cependant sur l'histoire d'amour entre le commissaire Adamsberg et Camille, elle est également présente, et tout aussi inutile ! Mais le film reste cependant excellent. Le livre lui, n'est que "bien".

Par Greg.

La consolante, d'Anna Gavalda

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- Auteur: Anna Gavalda (1970)

- Date de publication: 2008


La Consolante relate le travail de deuil de Charles, qui, à l’aube de sa cinquantaine, voit s’effriter peu à peu la vie qu’il pensait avoir solidement construite ; en pleine tourmente conjugale, il apprend une nouvelle dévastatrice : le décès de la femme qui a marqué sa jeunesse et son adolescence.

Architecte de son état, il va alors s’employer à rebâtir sa vie en affrontant les fantômes de son passé mais c’est surtout la rencontre avec Kate, elle aussi confrontée à la perte d’un être cher, qui va lui redonner le goût de vivre et d’espérer de nouveau.

« Obsédé par la mort », il va devenir « stupéfait par la vie ». Une jolie trouvaille syntaxique, révélatrice de l’état d’esprit du héros, ponctue les étapes de ce renouveau intérieur, on passe en effet du « je » de narration au début du roman à la troisième personne du singulier puis on a un retour au « je » à la fin, prétexte à un dénouement final teinté d’espoir.

Avec son indéniable talent de conteuse et sa plume acérée, Anna Gavalda embarque le lecteur dans un roman bouleversant de sincérité où la prose se fait tour à tour sombre, légère, émouvante mais toujours d’une incroyable lucidité et d’un réalisme poignant. Anna Gavalda n’enjolive pas la réalité et ne fait aucune concession à la cruauté du destin mais conclut néanmoins sur une note d’optimisme qui nous réchauffe les coeurs.
A lire absolument.

Par Sam.

Le bûcher des vanités, de Tom Wolfe

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- Auteur: Tom Wolfe (1931)

- Date de publication: 2001

Shermann McCoy est un éminent financier de Wall Street, il dirige le monde et brasse des milliards de dollars derrière son écran d'ordinateur et habite Park Avenue, une des plus luxueuse avenue de new York. Il est en quelque sorte un "Maître de l'univers", un genre de demi-dieux du monde de la finance que rien ne peut atteindre car on ne peut ébranler un super-héros !!! Il trompe sa femme avec une certaine Maria, un soir en revenant de l'aéroport JFK avec elle dans sa Mercedes noire sport, il se perd dans le Bronx, dans cette jungle jouxtant Manhattan. Il s'en suit alors une sorte "d'altercation" avec un jeune piéton noir marchant le long de le route avec un autre du Bronx. Rien de bien méchant mais la panique d'être dans ce quartier malfamé de New York fait qu'ils se sauvent en trombe de cette jungle.
Malheureusement, ce petit accrochage vient semer la zizanie dans tout New York et surtout dans la vie paisible d'un intouchable de la haute société qu'est notre "maître de l'univers": Shermann McCoy quand la sociétés s'aperçoit que le jeune noir renversé vient de tomber dans le coma par une voiture commettant un délit de fuite. La justice du Bronx doit éclaircir cette affaire et les médias s'en mêlent.
Ce roman date d'il y a environ 20 ans (1987), Tom Wolfe nous montre le New York de cette époque, avant l'arrivée du futur maire Gulliani, avant que les quartiers sombres de New York ne s'assagissent. Mais l'histoire est tout de même toujours d'actualité concernant les thèmes, les sujets et les symboles abordés au fil des pages. L'auteur est journaliste et ce roman nous plonge dans l'univers New Yorkais, dans le monde financier, judiciaire, politique et médiatique. Rien n'est laissé au hasard, tous les détails de cette société, de cette fourmilière et de ses conflits raciaux nous sont livrés. Shermann est l'ennemi de ce conflit, la politique et la justice sont la guerre, les médias leurs char d'assauts que rien ne peut arrêter et l'argent, l'honneur, la trahison, le courage ou encore la lâcheté font office de munitions.
Et pour ceux qui sont retissant à lire ce pavé d'environ 900 pages, vous pouvez toujours vous rabattre sur le film de Brian de Palma avec Tom Hanks, Melanie Griffith, Bruce Willis et Morgan Freeman. Cependant le livre est beaucoup plus intéressant et beaucoup plus riche.

Par Greg.

Ensemble c'est tout, d'Anna Gavalda

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- Auteur: Anna Gavalda (1970)

- Date de publication: 2004

L’histoire de 4 personnages centraux. Camille, en détresse, dessine ou plutôt dessinait, maintenant elle fait des ménages la nuit pour survivre et se payer son loyer dans sa chambre de bonne. Philibert, jeune aristo pur jus, complètement en décalage avec le monde et pris de bégayements dès qu’il stresse, il héberge Franck, un cuisinier, un peu rustre mais attachant et dont l’existence tourne autour des filles, de la moto et surtout de sa grand-mère Paulette.
Paulette vit seule, elle est âgée, tombe beaucoup et cache ses bleus à ses proches, paniquée à l’idée de mourir loin de son jardin et de son chat.
Ces quatre là n’auraient jamais dû se rencontrer. Trop perdus, trop seuls, trop cabossés par la vie.
Et pourtant, le destin, ou bien la vie, le hasard, l’amour va se charger de les bousculer un peu. Leur histoire, c’est la théorie des dominos, mais à l’envers. Au lieu de se faire tomber, ils s’aident à se relever.

Ce livre raconte la vie en toute simplicité, la vie de n’importe lequel d’entre nous, les galères qui ne nous épargnent pas. Chacun peut se reconnaître dans l’un de ces quatre personnages. Ils sont attachants à leur manière. Il y a l’espoir, l’espoir de s’en sortir, de pouvoir compter sur les autres pour continuer à vivre. C’est tout simplement une belle histoire, 4 vies différentes mais qui au fond se ressemble et ont un point commun : l’envie de s’en sortir et de s’aider.
Anna GAVALDA, écrit simplement mais intelligemment, elle sait toucher et je conseille également de voir le film tiré de ce livre avec en personnages principaux Audrey TAUTOU et Guillaume CANET.

Par Sam.

Juste un regard, d'Harlan Coben

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- Auteur: Harlan Coben

- Date de publication: 2005


Et si votre vie n'était qu'un vaste mensonge ? Si l'homme que vous avez épousé il y a dix ans n'était pas celui que vous croyez ? Si tout votre univers s'effondrait brutalement. Pour Grace Lawson, il a suffi d'un seul regard sur une photo vieille de vingt ans pour comprendre que son existence est une terrible imposture. Cette photo représente cinq jeunes garçons et filles parmi lesquels elle reconnaît son mari, Jack. Lorsqu'elle le montre à ce dernier, il nie être ce garçon. La nuit suivante, il s'empare de la photo et, sans un mot d'explication, disparaît pour ne plus revenir. Grace demande l'aide de la police, en vain, et se trouve confrontée au versant obscur de la vie de l'homme qu'elle croyait connaître... Mais le cauchemar ne fait que commencer...

On le dévore en quelques heures. Les héros de Coben, comme nous tous d'ailleurs, aspirent à un rêve ; sauf que pour eux il peut tourner au cauchemar. Et c'est ce qui va se passer pour Grace Lawson : cette femme ordinaire va être plongée dans une situation extraordinaire et sa vie en sera bouleversée à jamais. Coben se plaît à créer le désordre dans des vies apparemment paisibles. Tout ce qui compose une existence est précisément décrit : famille, amis, quotidien... Le lecteur n'a donc aucun mal à s'identifier aux héros. Cet auteur a vraiment le don d'installer un suspens dès les premières pages de son roman, qui ne fera que croître par la suite et ce, jusqu'au dénouement final. Mais même une fois le livre refermé les doutes et l'angoisse sont toujours là ; on en viendrait même à souhaiter une suite... mais en attendant, réfléchissez y à deux fois avant de faire développer vos photos.

Par Sam.

L'Odyssée d'Homère

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- Auteur: Homère (VIIIème siècle avant J.C.)

Ce livre est l’un des plus grands chef-d’œuvres de l’histoire de la littérature, un classique incontournable.

L’histoire est construite dans la plus pure tradition des récits épiques transmis oralement et on ressent en effet tout au long de l’œuvre qu’avant d’être lu, le récit a été conté, avant d’être écrit, il a été raconté.

Il vient de loin ce récit, de loin et de longtemps. Il vient du temps des orateurs et des aèdes, du temps où l’on savait écouter et raconter. Avant d’émerveiller les yeux, il a ensorcelé bien des oreilles, et s’est emparé de la mémoire collective, de l’esprit et envoûté bien des âmes. La tradition orale des récits épiques et de l’Odyssée en particulier, est un élément fondamental à prendre en compte quand on aborde l’œuvre, magnifique et éternelle. Devant la magnificence de cette œuvre, devant sa beauté et sa perfection, le lecteur contemporain qui l’aborde se sent un peu comme un pirate hirsute, indiscipliné et criard qui quitte une coque de noix difforme et ballottée par les flots à l’abordage d’un vaisseau majestueux qui vogue paisiblement.

En étant tout à fait pragmatique, le lecteur s’aperçoit rapidement que le récit se compose à la manière d’un puzzle dont certaines pièces sont répétées, d’autres rajoutées et d’autres encore probablement manquantes. A l’instar de nombreuses légendes racontées au coin du feu et dont chaque orateur, avec force insistances, omissions et rajouts, transmet sa propre version, unique, éphémère qui meurt aussitôt née, dès lors qu’elle s’échappe de l’enclos rétenteur de son esprit par l’ouverture de sa bouche, comme un oiseau s’évade de sa cage en s’envolant dès qu’elle s’ouvre, ce récit a probablement dû connaître de nombreuses versions avant que celle-ci ne nous parvienne.

Ainsi dans sa forme contemporaine, enfermé dans une cage en papier, dont les barreaux de lettres horizontaux ne le laissent plus s’évader, le récit parait éternellement figé, dans sa version transcrite qui ne pourra dès lors plus évoluer.

Dans cette version définitive que l’on attribue à Homère mais dont on s’autorise à penser qu’elle émane plus probablement de plusieurs auteurs d’époques différentes plutôt que d’un seul, le lecteur suit les pérégrinations d’Ulysse, l’homme aux mille ruses, qui erre en de multiples périples, pour retourner en son pays et sa patrie. L’Odyssée est en effet la suite chronologique de l’Iliade qui aborde les péripéties de la Guerre de Troie dans laquelle Ulysse (ainsi qu’Hector, Pâris, Ménélas, Achille entres autres) est engagé. Après neuf années d’âpres batailles et la fin de la guerre, Ulysse vogue au creux de son vaisseau pour rejoindre sa mère patrie, mais ce voyage à travers la méditerranée antique n’a rien de tranquille, et va s’avérer tumultueux et semé d’embûches. « L’Odyssée » retrace l’histoire de ce voyage qui va durer 11 années.

La première partie de l’histoire retrace « la Télémachie » durant laquelle Télémaque le fils d’Ulysse ne supporte plus les exactions des prétendants de sa mère Pénélope, considérée comme veuve et par conséquent convoitée bien malgré elle, et qui profitent grassement des richesses et des biens du roi d’Ithaque, Ulysse, en son absence. Télémaque ne pouvant plus refreiner son impatience de voir son père rentrer et rongé par le doute au sujet de sa probable mort, entreprend une expédition, au grand damne des prétendants afin de glaner des informations à son sujet. Il va rencontrer Hector puis Ménélas à Sparte mais ne sera malheureusement d’aucun secours pour son père et devra déjouer de surcroît un traquenard tendu par les prétendants. Télémaque constitue pour ces derniers le dernier rempart à l’hymen de Pénélope et surtout à la conquête du royaume.

Pendant ce temps à Ithaque, Pénélope rongée par le chagrin, déploie d’ingénieuses ruses visant à éconduire le plus longtemps possible les fougueux prétendants.

Ulysse de son coté ayant perdu son vaisseau et tout son équipage, obnubilé tout au long de l’épopée par le seul dessein de retourner chez lui, est retenu seul depuis six ans par la déesse Calypso éprise de son captif, avant qu’un conseil des dieux ne la force à le libérer.

S’ensuivent de manière exclusivement narrative, la description des péripéties de souffrance et d’endurance du périple d’Ulysse pour rejoindre les siens, dont sa seule ruse et sa volonté farouche vont avoir raison contre le sort et la volonté des dieux. Tout au long du récit épique le lecteur est dans l’expectative de ce retour sans jamais vraiment savoir s’il pourra se réaliser.

Au contraire d’Hercule par exemple qui devint Héros par ses capacités physiques exceptionnelles, Ulysse est par essence un être doté d’une intelligence, d’une endurance et d’une ruse hors du commun. Ainsi l’auteur lui attribue tout au long du récit, les dénominatifs « d ’Ulysse aux milles tours », « Ulysse l’avisé » ou « Ulysse aux milles ruses » ou encore « le héros d’endurance » qui contribuent à lui conférer ce statut héroïque. Tantôt bonimenteur, tantôt calculateur le récit du périple d’Ulysse est jalonné de ces multiples ruses.

L’intervention continuelle des dieux à son égard, qui peuvent être présentés soit comme ses détracteurs comme Poséidon par exemple, ou bien comme ses bienfaiteurs comme Athéna, et l’interaction permanente qu’ils s’octroient sur le déroulement de l’histoire et l’accomplissement du dessein d’Ulysse, tendent à le sortir de sa condition d’homme pour le rapprocher du statut de divin. On perçoit même le protagoniste comme celui qui défie la volonté des dieux, attisant les foudres de certains mais suscitant le respect des autres. Il devient par conséquent un demi-dieu, comme l’atteste l’affection particulière que porte Athéna « aux yeux pers » pour son « grand cœur d’Ulysse » ou son « divin Ulysse ».

Malgré quelques anachronismes dus au 6 siècles qui séparent l’époque durant laquelle se déroulent les fait (environ 1200 Av. JC) par rapport à l’époque supposée où ils sont décrits par Homère ( environ 600 Av. JC) , bien que ce soit un récit légendaire, et qu’Ulysse ainsi que la guerre de Troie d’ailleurs n’aient jamais existés, le récit présente malgré tout un intérêt historique dans la mesure où il aborde les us et coutumes des méditerranéens de l’époque de l’age de bronze, basés entre autre sur l’hospitalité et les rites guerriers, ainsi que des informations sur leur façon de se vêtir, les moyens de transport de l’époque et une foultitude de détails très intéressants. Il fait l’apologie de la ruse sur la force, de la réflexion et de la patience sur l’emportement. « Patience mon cœur, tu as connu de bien pires souffrances, viendra le jour où justice sera faite » : cette réplique d’Ulysse à lui-même, alors que son sang est en train de bouillir parait résumer le leitmotiv de l’œuvre et reprise bien plus tard « Patience et longueur de temps valent mieux que force ni que rage »

Ce récit présente également un intérêt littéraire extraordinaire, dans la mesure ou c’est un des premiers textes de l’histoire de l’humanité, un texte originel. Parsemée de métaphores, d’allégories et d’images plus poétiques et plus belles les unes que les autres, ce texte est d’une beauté qui pourrait justifier à elle seule sa lecture.

Indispensable dans toute bibliothèque digne de ce nom et a lire absolument.

Par Olivier.

Maître Zacharius, de Jules Verne

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- Auteur: Jules Verne (1828 - 1905)

- Date de publication: 1854

Au milieu du XIXéme siècle, Maître Zacharius est un brillant et notoire horloger de Genève. Il vit dans une maison aux allures très vétustes avec sa fille, sa domestique et son ouvrier. Le rythme de vie de ce petit phalanstère est analogue au fonctionnement des horloges et des montres qu'il fabrique. Cependant, un petit grain de sable est venu enraillé cette régularité, quelque chose terrifiait le Maître horloger: Toutes les montres qu'il a lui-même fabriquées et vendues, s'arrêtent subitement de façon inexplicable. Elles lui reviennent donc à son atelier mais il ne parvient pas à les réparer. La folie le guète. Sa fille Gérante, lui impose donc une convalescence. Un jour ils font la rencontre d'un vieillard, sorte de confrère horloger qui a pour mission de régler le soleil.

Dans ce livre, l'inventeur ingénieux qu'est Maître Zacharius ne maîtrise et ne contrôle plus rien, le temps, la précision, ses montres, sa conception de la symbiose du corps et de l'esprit qu'il compare de façon très évidente à la symbiose fonctionnelle des montres qu'il a créé, tout lui échappe. Sa vie est tout simplement comparée à ses œuvres et on n'y voit dans ce texte une logique implacable et avérée où chaque être vit indéniablement son temps jusqu'à sa dernière heure.

Par Greg.

Les révoltés de la Bounty, de Jules Verne

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- Auteur: Jules Verne (1828 - 1905)

- Date de parution: 1879


A la fin du 18ème siècle, le navire anglais la Bounty, avait pour mission de transporter aux Antilles, l'arbre à pain. Le commandant Bob Bligh était apparemment assez inhumain et se comportait comme tortionnaire envers ses officiers et matelots. Le second du commandant, Christian Fletcher, suivi par quelques de ses matelots se révolta et bâillonna Bligh ainsi que ses plus fidèles exécuteurs d'ordres dans une chaloupe, les abandonnant ainsi à leur sort.
Ce récit de Jules Verne est bien réel, les faits sont tirés des annales maritimes de la Grande-Bretagne. On pourrait pourtant croire à une histoire romancée de détails fictifs tellement l'issu paraît irréelle. Cette histoire est légendaire et mérite d'être lue, les amateurs de voiles et voiliers y retrouveront bon nombre de mots issus du vocabulaire maritime.

Par Greg.

Panique, de Jeff Abbott

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- Auteur: Jeff Abbott

- Date de publication: 2006

Evan est un réalisateur de documentaire reconnu dans le milieu, il a même eu un oscar pour l'un de ses films. Une nuit, il reçoit un coup de téléphone de sa mère apparemment très inquiète lui disant qu'il vienne immédiatement la rejoindre chez elle à quelques centaines de kilomètres de là. Lorsqu'il arrive le lendemain matin, il retrouve sa mère morte dans la cuisine et échappe de justesse aux agresseurs vraisemblablement toujours présents dans la maison. Mais ceux-ci veulent le récupérer à tout prix, c'est alors qu'une casse à l'homme commence impliquant la CIA, une cellule secrète indépendante d'agents étroitement liés également avec la CIA et autres agents indépendants… Tout restant en famille ce qui complique énormément les rapports, à qui faut-il faire confiance, qui sont les gentils, qui sont les méchants, le suspense est là jusqu'à la fin du livre.
Comme bon nombre de thriller, il est souvent difficile de lâcher le livre. L'histoire de celui-ci est très simple, bien ficeler, on ne se torture pas l'esprit à comprendre les relations entre chaque personnage, ni au niveau de l'intrigue. Ceux qui aiment Harlan Coben aimeront également Jeff Abbott.

Par Greg.

Lettre au père, de Franz Kafka

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- Auteur: Franz Kafka (1883 - 1924).

- Date de publication: 2002


Cette lettre de Kafka adressée à son père ne lui a jamais été remise. L'auteur analyse l'incompréhension de leur relation. Les reproches sur l'éducation nous immiscent dans leur vie privée et ce sentiment de voyeurisme à travers de nombreux exemple sincère et touchant tel que les repas, le travail, l'école, le judaïsme, le commerce de kafka-père, l'orientation professionnelle de Kafka-fils ou encore le mariage, thème clé de cette lettre, peut à certains moments nous donner l'envie de ne pas nous y mêler et refermer ce livre pour ne pas lire une lettre personnelle sur laquelle on serait tombé par hasard.
Kafka tente de comprendre les agissements d'un père autoritaire, et malgré lui méprisant. Il explique les conséquences de cette éducation, à travers des anecdotes, dont certaines sont insignifiantes sur le moment, mais tellement lourde de conséquences sur la future personnalité, nature et individualité de l'auteur.

Par Greg.

Tuez-les tous, de Salim Bachi

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- Auteur: Salim Bachi

- Date de publication: 2006


"Le 11 septembre 2001, un terroriste, aidé de ses complices, prend le contrôle d'un avion et le précipite sur le World Trade Center. Salim Bachi retrace la vie et les pensées de cet homme quelques heures avant la tragédie".

En lisant cette 4ème de couverture, je me suis dis qu'il serait peut-être intéressant de lire quelque chose d'un point de vue opposé, une sorte de roman historique qui susciterait forcement la polémique et le scandale…

Et dès les premières pages, c'est l'illusion, on se rend bien compte qu'il ne s'agit là que d'un roman. La plume de l'auteur nous dévoile un terroriste "humain", chose à laquelle il fallait évidemment s'attendre pour ne pas avoir un récit "tout tracé" mais plutôt le rendre controversé et discutable.

C'est tout de même un roman complexe et les nombreuses références au Coran ne nous facilitent pas la tâche. De même que l'atmosphère à travers l'écriture est volontairement troublée, brouillée, presque overdosée à l'image des actions du terroriste avant la catastrophe.

Bref, on nous promet de "retrace[r] la vie et les pensées de cet homme quelques heures avant la tragédie" du 11 septembre. La lecture est tout autre… c'est comme si on leur fournissait du mouton halal… mais acheté dans une grosse société de distribution, et en plus c'est du "halouf" d'il y a 15 jours et remballé… Bref, il y a tromperie sur la marchandise, l'attentat du 11 septembre 2001 n'est qu'un décor, un prétexte pour parler d'autre chose.

L'auteur a tout simplement voulu mettre un coup de pied dans la marre aux canards littéraire française.

Par Greg.

Ne le dis à personne..., de Harlan Coben

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- Auteur: Harlan Coben

- Date de publication: 2004

Un couple de jeunes mariés retourne, chaque année, sur le lieu de leur rencontre près d'un lac, une sorte de pèlerinage romantique. Mais cette fois là, la femme se fait tuer par un serial killer… Huit ans plus tard, le mari devenu médecin, reçoit un étrange e-mail, il clique sur le lien et voit sa femme, filmée par une caméra de surveillance en temps réel… Impossible ? Et si c'était vrai…

Ce thriller est extrêmement bien ficelé et dès les premières pages, on est mis dans l'ambiance, il n'y a pas de temps morts et tout se déroule à une vitesse impressionnante. L'action est le maître mot de ce livre où l'on ne s'ennui pas une minute. L'écriture est simple, efficace, nous visualisons extrêmement bien le scénario tel un film se déroulant sous nos yeux. Il est alors difficile de refermer le livre pour reprendre plus tard, le suspens est là, présent à chaque moment et le rebondissement caché derrière chaque page. Et ne le dire à personne… serait une grave erreur…!

Par Greg.

Route 66, de Jean-Pierre Reymond et Patrick Bard

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- Textes: Jean-Pierre Reymond
- Photos: Patrick Bard

- Date de publication: 2004


La plus mythique des routes américaines, la route 66, traverse les Etats-Unis d'Est en Ouest, de Chicago à Los Angeles. Environ 4000 Kms.

Ce superbe livre est un carnet de route, mais quel carnet… Il y a des anecdotes à foisons, tout le parcours y est décrit, une multitude d'images sont présentes dont certaines sont vraiment magnifiques. Et de nombreux points historiques y sont relatés, ce qui en fait livre assez complet…

Le premier chapitre est totalement consacré à Chicago, la ville de départ, ensuite il y a un chapitre par Etat traversé: Illinois, Missouri, Kansas, Oklahoma, Texas, Nouveau-Mexique, Arizona et Californie. Tout comme le premier chapitre, le dernier relate de la ville d'arrivée, Los Angeles. L'accent est cependant beaucoup plus prononcé sur les bâtiments historiques (vieux hôtels, drive-inn, etc…) et les personnalités rencontrées que sur les paysages.

Les très nombreux paragraphes sont assez courts et entrecoupés de photos, nous visualisons donc tout de suite de qu'on lit, et c'est très appréciable. L'atmosphère du livre est donc conviviale et chaleureuse, cela nous donne l'envie de partir sur cette route légendaire, la vision panoramique des paysages en plus…

C'était Broadway, de Jerome Charyn

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- Auteur: Jerome Charyn

- Date de Publication: 2005


Jerome Charyn nous livre ici toute l'histoire de Broadway, "ce vieux sentier indien" devenu, à partir du début du siècle, la plus grande et la plus célèbre des avenues New Yorkaise.
C'est en fait l'histoire de personnages et personnalités ayant côtoyés et influencés cette rue. On y croise "Arnold Rothstein, le financier de la pègre New Yorkaise, l'homme qui a littéralement inventé Broadway, […] mais aussi Damon Runyon, chroniqueur inspiré et oublié de la Grande Rue, et "Citizen" Hearst, qui finira par épouser une des plus célèbres Ziegfeld girls." Mais également des apparitions des plus grands boxeurs comme Jack Johnson, Jack Dempsey et Mohamed Ali ou encore du plus grand joueur de base ball de tous les temps, Babe Ruth.
Tous ces monstres sacrés insolites ont façonnés l'histoire de Broadway et l'auteur nous plonge littéralement dans cette atmosphère du début du siècle, notamment en nous décrivant les bars et boîtes mythiques de jazz et de cabarets.

La première moitié du livre est tout de même assez difficile à lire, il y a tellement de personnages cités (sans compter leurs noms d'emprunts ou leurs pseudonymes !) qu'on a un peu de mal à s'y repérer, bref on est un peu perdu au beau milieu de la foule grouillante New Yorkaise, il ne faut pas perdre le chemin.
Cela s'améliore dans la seconde moitié du livre où l'auteur se consacre aux péripéties d'un personnage principal dans chacun des ses chapitres où il nous faut déjà là une vision plus générale de l'histoire de Broadway, ce qui est effectivement fait au début du roman…
Je pense qu'il faut tout de même être motivé et vraiment intéressé par cette légende qu'est Broadway pour lire ce livre, sinon l'agoraphobie nous guête…

Par Greg.

Trilogie New Yorkaise: La chambre dérobée (Tome III), de Paul Auster

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- Auteur: Paul Auster (1947)

- Date de publication: 1985


Le narrateur, ami d'enfance de Fanshawe qu'il n'avait pas vu depuis une dizaine d'année reçoit une lettre de sa femme qu'il ne connaît pas. Fanshawe a disparu depuis environ six mois. Sa femme devenue mère entre temps lui demande, selon une volonté de son mari "écrivain" avant sa disparition, s'il accepte de lire l' "œuvre" écrite afin de savoir s'il fallait la publier, ce qui fut fait. Au fur et à mesure, Sophie, la femme de Fanshawe et le narrateur s'empreignent d'une histoire d'amour…
Rien de spécial ne se passe dans ce livre, c'est quelque peu monotone et tout comme le tome II de cette trilogie, Revenants, quelques longueurs dans le texte se font sentir… jusqu'au moment où le narrateur reçoit une lettre. Elle n'est pas signée mais a incontestablement été écrite par Fanshawe lui-même, se réjouissant de tout ce qui se passe actuellement pour son œuvre, sa femme et son ami d'enfance… L'histoire commence à partir de ce moment…

Nous ne trouvons pas réellement de sens concret à ce qu'a voulu écrire Paul Auster dans cette trilogie, c'est-à-dire de suite logique d'évènement nous amenant à un dénouement concret. Chaque œuvre est en effet indépendante et en même temps elle se suivent mais d'un point de vue psychologique.

Un détective, une fausse filature, un problème d'identité, une rupture par rapport à la vie sociale, une vertigineuse descente aux enfers… cette trilogie n'est en réalité qu'une seule et même histoire racontée à chaque fois différemment et comme le dit si bien Paul Auster: "Ces trois récits […] représente[nt] un stade différent de ma conscience de ce à quoi elle se rapporte. Je ne prétends pas avoir trouvé la solution de quelque problème que ce soit. […] L'histoire n'est pas dans les mots, elle est dans la lutte." Voilà, je crois que c'est "juste" cela qu'il faut comprendre de cette Trilogie New Yorkaise, c'est son univers, c'est Paul Auster

Par Greg.

Trilogie New Yorkaise: Revenants (Tome II), de Paul Auster

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- Auteur: Paul Auster (1947)

- Date de publication: 1985




Bleu, détective privé et ancien associé d'un certain Brun, parti à la retraite, se fait mandater par Blanc afin de surveiller Noir… Blanc a loué un appartement pour Bleu dans l'immeuble juste en face de celui de Noir. Comme cela, il pourra mener son "enquête" discrètement depuis sa fenêtre.

Chaque semaine, le détective Bleu devra poster à Blanc un rapport de sa filature, en contrepartie, il recevra un chèque hebdomadaire dans sa boîte aux lettres. Malheureusement pour Bleu, Noir n'est pas un personnage très captivant ni même passionnant, il reste toute la journée dans son appartement et ne fait pas grand-chose d'autre que d'écrire ou de lire, il sort certes de temps en temps pour faire ses provision, mais rien de réellement intriguant à ce mystérieux personnage…

C'est alors qu'on se questionne sur cette intrigue, qui est Noir? Pourquoi ne fait-il rien de ses journées? Quel est l'intérêt qu'à Blanc à faire appel à un détective? Qui observe qui? Quel est le but de tout ça, de toute cette mascarade ? On se pose la question jusqu'à la fin du livre car rien dans le récit ne nous mène réellement sur la voie…

Cette nouvelle de Paul Auster n'est en effet pas très palpitante, il faut donc s'accrocher pour ne pas décrocher au beau milieu de la lecture ! Cependant l'auteur veut sûrement nous faire réfléchir sur le thème des identités, tout comme Cité de verre, mais aussi sur les coïncidences de la vie et du besoin d'autrui pour vivre…?

Quelle est la place de ce tome 2 dans cette trilogie New Yorkaise? (des liens sont tout de même présents: la filature, les planques, la disparition d'un détective qui se coupe du monde laissant un entourage pantois et déconcerté) Je me pose encore cette question, je ne vois pas bien où l'auteur veut en venir mais peut-être que le tome 3, La chambre dérobée, nous apportera quelques éléments de réponse, espérons-le !

Par Greg.

Trilogie New Yorkaise: Cité de verre (Tome I), de Paul Auster

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- Auteur: Paul Auster (1947)

- Date de publication: 1985


Daniel Quinn est écrivain sous le pseudonyme de William Wilson et vit de ses dernières publications. Un soir il reçoit un coup de téléphone demandant un certain Paul Auster, détective. Il répondit à son interlocuteur que c'était une erreur, mais l'opération se répéta plusieurs nuits de suite. Le héros de ses romans, Max Work est détective privé… Alors l'idée lui fût venue que si le téléphone sonnait encore une de ces prochaines nuits, il se prendrait au jeu d'être ce Paul Auster, ce qui fût effectivement le cas. Il rencontra alors la personne l'ayant engagé, Peter Stillman, un homme un peu fou lui racontant son enfance tyrannisée par un père savant fou, un certain Peter Stillman également, sorti tout juste de prison et revenant à New York pour assassiner son fils, a priori ! Cet alors que Quinn va se mettre dans la peau de Paul Auster et suivre, tel son détective de romans, "Stillman - père" dans les rues de la "Big Apple". C'est alors que de nombreux évènements et rencontres inopinés surviennent, et dans tout ça, qui est qui ? Qui joue le rôle d'un personnage ? Qui se prend pour un autre ? Qui est lui-même ? Faut-il considérer les vraies personnes et leurs vrais (ou) faux personnages ?

Ce roman est une réflexion sur les identités multiples d'une même personne, sur le langage également, où le vieux Stillman prétend vouloir sauver le monde, le tout dans une atmosphère New Yorkaise aux airs de tour de Babel moderne, c'est à dire de déchéance, de folie et d'incompréhension totale. Roman complexe mais très bien ficelé où l'on est complètement plongé dans l'ambiance loufoque de l'intrigue et des personnages.

Par Greg.

Jamais de la vie, de Françoise Moreau

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- Auteur: Françoise Moreau

- Date de publication: 2007


Depuis longtemps l'on me parlait de Françoise Moreau comme une auteur à la superbe écriture.

Jamais de la vie est le dernier de ses romans parus et le premier que j'ai lu. Je ne peux que confirmer qu'il s'agit d'une auteur remarquable, peu médiatisée malheureusement.

Jamais de la vie est un récit de vie, une vie sans autre aventure que les épreuves du quotidien. Blanche est une petite fille inhibée et secrète qui préfère constamment se réfugier dans ses mondes imaginaires plutôt que d'affronter la vie réelle. Elle se crée ainsi un cocon rassurant, fait de rêves et de douceur. Cela agace singulièrement les adultes qui l'entourent, avec lesquelles la communication paraît impossible, qui ne comprennent pas son apathie et préféreraient voir une enfant insouciante et pleine de vie.

Mais Blanche ne veut pas se frotter à la vie et c'est toujours bien malgré elle qu'elle se verra progressivement chassée de son univers enfantin. Ainsi, elle finira par accepter sa propre existence et à commencer à vivre car, pour cela, il n'est jamais trop tard.

Françoise Moreau nous offre un personnage atypique et très attachant. L'ambiance ouatée qu'elle installe, empreinte de la mélancolie d'un jour de pluie, est absolument envoûtante. Passées les premières pages un peu déroutantes, on ne peut plus quitter la compagnie de Blanche jusqu'à l'épilogue.
Voici un roman qui laisse aussi pensif et rêveur que son héroïne ...

New York vu du ciel, d'Antonio Attini et Peter Skinner

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- Auteurs: Antonio Attini et Peter Skinner

- Date de publication: 2006


New York vu du ciel est un superbe livre, impressionnant par son format, ce qui permet de découvrir et d’apprécier les photographies, elles aussi impressionnantes !!! Ce n’est pas seulement un livre de photos représentant Manhattan vu du ciel, il y a également une approche succincte des districts extérieurs (le Bronx, le Queens, Brooklyn et Staten Island), mais surtout une partie historique nous exposant la naissance de New York depuis sa découverte (avant la première implantation coloniale hollandaise en 1624) jusqu’à nos jours.

Les photographies représentent bien évidemment en très grande majorité Manhattan et permettent de voir cette île sous un angle différent, un angle aérien et magnifique.

Trois parties sont consacrées à l’île représentant géographiquement les trois parties de new York : Downtown, Midtown et Uptown (du sud au nord). Chaque chapitre est composé d’une grande introduction suivi des nombreuses photographies de la ville. Cependant ces introductions ne sont absolument pas illustrées et il est un peu difficile de visualiser ce qui est décrit si nous n’avons pas en mémoire le plan des rues de New York ! De plus, elles font références à bon nombre de bâtiments dont nous n’aurons dans la suite du livre aucune illustration !

Cet ouvrage reste cependant très riche en photographies somptueuses et possède un petit historique très intéressant, il sera très apprécié des voyageurs ayant déjà visité la ville.

La passion Lippi, de Sophie Chauveau

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- Auteur: Sophie Chauveau

- Date de publication: 2004

"Florence 1414. Un enfant hirsute, aux pieds couverts de corne, griffonne furieusement une fresque remarquable à même le sol d’une ruelle des bas-fonds de la ville. Miraculeusement repéré par Cosme de Médicis et placé au couvent des carmes, il va faire souffler un vent de passion sur la peintre de la Renaissance.
Moine et libertin, artiste intransigeant et manipulateur sans scrupules, futur maître de Botticelli, ses sublimes madones bouleversent son époque. Elles lui sont pourtant très intimement inspirées par les filles des maisons de plaisir de Florence qui en ont fait leur petit prince caché.
Bravant tous les interdits et jusqu’à l’autorité suprême du Pape, il commet par amour l’ultime provocation. Le scandale le pousse à l’exil et le renvoie au secret sanglant enfoui au cœur de son enfance.
Peintre voyou, ange ivre, fra Filippo Lippi invente un rapport nouveau entre l’art et le monde de l’argent et, le premier, fait passer les peintres de statut d’artisans estimés à celui d’artistes reconnus."

Choquant, dérangeant, immoral, terriblement captivant et attachant à l’image de son personnage clé, La Passion Lippi ne laisse pas indemne… Une rencontre exceptionnelle avec l’un des plus grands peintres de génie de la Renaissance italienne à la destinée singulièrement prodigieuse et bouleversante. Outre la genèse de l’Œuvre du sidérant et tapageur Fra Filippo Lippi, Sophie Chauveau plante le décor en trame de fond de l’éblouissante et florissante Florence de l’époque. Un livre fascinant et intriguant, probablement objet de nombreuses recherches et investigations transversales, pour un sujet excessivement passionnant narré par un remarquable récit à couper le souffle !

Par Caro.